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Quand BlackRock fait un virage à 180 degrés sur l’investissement RSE



BlackRock envisagerait de quitter la « Net Zero Alliance », la coalition parrainée par l’ONU, qui regroupe de grandes entreprises s'engageant à atteindre l’objectif zéro émission de carbone d'ici 2050, et souhaite faire évoluer sa stratégie sur l'investissement RSE.


Atlantico : BlackRock envisagerait de quitter la « Net Zero Alliance », la coalition parrainée par l’ONU, qui regroupe de grandes entreprises s'engageant à atteindre l’objectif zéro émission de carbone d'ici 2050, et souhaite faire évoluer sa stratégie sur l'investissement RSE. Qu’est-ce qui a pu pousser BlackRock à faire ce choix ? Comment expliquer un tel revirement ? 


Olivier Vial : C’est un coup de tonnerre dans l’univers du capitalisme woke. En effet, en 2018, dans la lettre que publie chaque année Larry Flink, le PDG de BlackRock, il affirmait sa volonté de défendre un capitalisme engagé. « Sans un souci de recherche de sens, aucune entreprise, qu’elle soit publique ou privée, ne peut atteindre l’intégralité de son potentiel [1]», écrivait-il. Quand on pèse plus de 10 500 milliards de dollars, forcément, on est très écouté et ce genre de recommandations prend vite la tonalité d’un ukase. C’est ainsi que BlackRock est devenu le fer de lance des initiatives ESG et DEI, imposant aux entreprises de suivre des critères environnementaux et sociétaux de plus en plus contraignants. L’Index du Wokisme en Entreprise classe d’ailleurs cette entreprise parmi les plus influencées par le wokisme. 

Mais ce revirement n’est pas aussi rapide et imprévisible que cela. Dès 2022, le PDG du fonds d’investissement avait commencé à nuancer sa stratégie. Il confirmait alors dans sa lettre annuelle que si les critères non financiers sont importants, il ne faut pas oublier que la base du capitalisme, c’est avant tout la recherche du profit et la rentabilité à long terme. En effet, de nombreuses entreprises comme Disney, Nike, Netflix, Budweiser[2]… ont, ces dernières années, vu leurs résultats diminuer en raison de politiques jugées trop woke. En juin 2024, Larry Flink accordait un entretien au Figaro dans lequel il s’inquiétait même qu’en matière d’environnement « l’Europe passe beaucoup trop de temps sur la réglementation au détriment de la croissance[3] ». Toutes ces déclarations préparaient ce départ de la « Net Zero Alliance ».

 

Ces investissements RSE et ces objectifs n’ont-ils pas été une forte contrainte sur les entreprises et sur leur durabilité ?  

Effectivement, ces politiques RSE, imposées par des gestionnaires d’actifs comme BlackRock, ont détourné de nombreuses entreprises de leur cœur de métier et les ont quelquefois éloignées des préoccupations de leurs clients pour satisfaire celles portées par des mouvements activistes. En 2022, d’ailleurs, Larry Flink soulignait ce risque dans sa lettre : « Certains militants politiques, ou même certains médias, sont susceptibles de politiser les activités de votre entreprise. Ils peuvent chercher à instrumentaliser votre marque pour servir leur propre agenda[4]».


Au nom d’une certaine vision de la transition écologique ou de la « justice sociale », les entreprises ont laissé se développer en leur sein une bureaucratie envahissante et émolliente. Ces contraintes ont fragilisé leur compétitivité, en particulier dans les secteurs industriels et énergétiques. D’ailleurs, lors de la dernière AG de BlackRock, le 15 mai 2024, des débats et des tensions très vives sont apparus entre des actionnaires plutôt issus du secteur des services, favorables à la ligne « woke », et ceux de l’industrie, très remontés contre ces critères.

 

Parmi les autres grands gestionnaires d'actifs qui envisagent un tel revirement lié aux investissements RSE figurent State Street et J.P. Morgan. La pression est-elle en train de s'accroître sur les grandes entreprises pour qu'elles inversent ou mettent fin à leur stratégie commerciale woke, comme l'investissement DEI et RSE, où les gestionnaires d'actifs incitaient les sociétés de portefeuille à prendre des mesures pour réduire leur empreinte carbone et à adopter des politiques dites progressistes ? 

Les entreprises se trouvent aujourd’hui prises souvent entre deux feux. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour BlackRock qui, d’un côté, a été attaqué par les militants écologistes qui lui reprochaient de financer des investissements dans le secteur des énergies fossiles, et, de l’autre, a été la cible d’influenceurs et de politiques l’accusant (à raison) d’être l’un des moteurs du capitalisme woke, comme le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis ou Vivek Ramaswamy. 


Dans ce contexte, de nombreux dirigeants d’entreprises ont eu une triple prise de conscience :

Premièrement, après avoir cru « au sens de l’histoire », estimant que le monde finirait par accepter et se convertir au wokisme, certaines entreprises s’aperçoivent désormais que plus cette idéologie est connue, plus elle suscite du rejet parmi leur clientèle et leurs salariés. 


Deuxième prise de conscience : la dynamique intersectionnelle du wokisme est une machine à fragmenter et à opposer des communautés de plus en plus étroites et radicales, alors que l’intérêt commercial des entreprises est de pouvoir s’adresser à des clientèles les plus larges possible. 

Enfin, dernière prise de conscience : les activistes woke ne sont jamais satisfaits et encore moins reconnaissants. Répondre à leurs revendications, c’est mettre le doigt dans un engrenage sans fin. 

Tout cela fait que les entreprises sont en train de comprendre qu’elles ne peuvent se permettre d’ignorer les attentes d’une majorité silencieuse qui rejette cette politisation du monde économique. En 2022, Larry Flink enfonçait le clou : « Le capitalisme […] ce n’est pas un programme social ou idéologique. Ce n’est pas woke[5]. »

 

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump et d'Elon Musk est-elle en train de générer un virage à 180 degrés sur le wokisme au sein des entreprises et des grands groupes, comme en témoigne la décision de BlackRock sur l’investissement RSE ? 

Elle est la preuve que le wokisme, contrairement à ce qu’une grande partie des Démocrates ont cru, ce n’est pas le sens inexorable de l’Histoire ; une vague qui emporterait tout sur son passage et convertirait chaque esprit à ses concepts. Donald Trump et Elon Musk, en dénonçant les excès de cette idéologie, ont rassemblé au-delà de leurs camps traditionnels. Une partie du vote des Latinos en faveur des républicains s’explique par leur rejet de certains sujets woke, comme la transidentité.

Cette prise de conscience que l’on peut être gagnant en se libérant de l’emprise idéologique de ces idées est effectivement en train de faire boule de neige au sein des entreprises américaines. Mais attention, une hirondelle ne fait pas forcément le printemps et le wokisme repose sur une tradition philosophique profondément ancrée dans nos sociétés. Il ne disparaîtra pas aussi facilement.

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