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« L’écologie est trop blanche ! » Les décolonialistes investissent les mouvements écolos.


Décoloniser l'écologie

Trop blanche ! Trop bourgeoise ! Le 15 mai dernier était organisée, comme chaque année, une marche contre l’agrochimie sur les bords du Canal Saint-Martin (Paris). Des militants proches de la mouvance décoloniale ont réussi à s’imposer en tête de cortège, histoire de montrer que désormais ce sont eux qui sont à la pointe du combat écologique. La lutte contre le « racisme écologique » est le nouveau mot d’ordre !


Ils accusent les organisations écolos d’être trop timorées, trop conciliantes avec le système de domination capitaliste « blanc ». Aucun mouvement historique, même les plus radicaux, ne trouve grâce à leurs yeux. Greenpeace est désormais accusée d’être trop « conventionnelle »; même les rebelles d’Extinction Rebellion sont jugés trop « mainstream ».


La critique n’est pas nouvelle. Déjà, Andréas Malm, l’un des universitaires les plus influents parmi les écologistes les plus radicaux, estimait dans son livre « Comment saboter un pipeline» que les méthodes et la philosophie « non-violente » qui guident les actions d’Extinction Rebellion sont le signe d’un « privilège blanc ». Dans le vade-mecum d’extinction Rebellion, « on apprend que les Rebelles doivent activement chercher à être arrêtés », écrit-il. Une méthode éprouvée pour faire parler du mouvement, mais ajoute-t-il « se jeter dans les bras de la police est un signe de privilège. On comprend que des personnes issues de communautés racisées hésitent à le faire. La bourgeoisie blanche peut compter sur les bonnes manières des flics ; les prolétaires musulmans ou noirs ou les migrants sans papiers, beaucoup moins. »


Pour M. Malm, comme pour les militants qui défilaient le 15 mai dernier, le combat écologique ne peut pas tenir à l’écart ceux « de la classe et de la race ». Malcom Ferdinand enfonce le clou « penser l’écologie en omettant la constitution coloniale du monde, c’est comme essayer de réfléchir à un problème en se cachant un oeil. » (Le comptoir, mai 2019). Ce chercheur au CNRS est le principal relais en France d’un courant qui s’est développé aux États-Unis, l’écologie décoloniale.


Il déclare à France télévision « aujourd’hui, de nombreuses associations et partis politiques écologistes se rendent compte qu’au sein de pays multiculturels et pluriéthniques comme la France et les États-Unis, ils ont créé, de fait, des espaces majoritairement blancs et masculins. Je veux montrer que le fait d’occulter les questions coloniales et esclavagistes a produit en retour une écologie coloniale, c’est-à-dire une préservation de l’environnement qui va se manifester par l’exacerbation de la domination des pauvres, des racisés et des femmes ». «L'urgence climatique est ainsi imbriquée à l'urgence des luttes pour la justice sociale, des luttes antiracistes et féministes, et à la quête d'un monde au sortir de la colonisation et de l’esclavage. »


En puisant ainsi leurs références dans les luttes intersectionnelles, ces activistes espèrent attirer à eux des militants plus durs plus « révolutionnaires » afin de pouvoir radicaliser le combat écologique. En avait-il réellement besoin ?



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